Photo officielle, de gauche à droite : Deny O’Bomsawin, aîné d’Odanak; Sigwanis L. Lachapelle, jeune d’Odanak; Jacques T. Watso, conseiller élu au Conseil des Abénakis d’Odanak; et Darryl Leroux, chercheur et professeur à l’Université d’Ottawa

Le Conseil des Abénakis d’Odanak et le Conseil des Abénakis de W8linak annoncent aujourd’hui la publication d’un rapport généalogique exhaustif portant sur plusieurs individus se présentant comme « chefs » ou représentants de prétendues tribus abénakises au Vermont et au New Hampshire. Ces recherches, menées sur une vaste période et fondées sur l’examen de milliers de documents d’archives, apportent une conclusion claire et sans équivoque : ces personnes n’ont aucune ascendance abénakise.

Des preuves sans équivoque
Ce rapport repose sur l’analyse de sources couvrant quatre siècles, des années 1600 à 2000, et provenant des archives canadiennes et américaines. Les résultats démontrent que les lignées étudiées sont essentiellement à 99% européenne. Dans quelques cas, on retrouve des individus ayant un ou deux ancêtres autochtones nés avant 1650 – dont aucun n’est abénakis – ainsi qu’un ancêtre d’origine africaine, dans le cas d’une personne. Ces ancêtres autochtones ont vécu au XVIIe siècle et comptent aujourd’hui des centaines de milliers, voire des millions de descendant∙e∙s à travers l’Amérique du Nord. Leur présence lointaine dans une généalogie ne constitue en aucun cas la preuve d’une identité autochtone et encore moins d’une filiation abénakise.

Afin de rendre ces données accessibles et transparentes, les chercheurs ont opté pour la forme d’un rapport narratif, qui permet de replacer chaque ancêtre dans son contexte et de démontrer les répétitions d’ascendance européenne.
« Ce rapport confirme ce que les Abénakis d’Odanak et de W8linak répètent depuis des années : ces groupes ne sont pas autochtones. Il est temps que les gouvernements, les institutions et le grand public reconnaissent cette réalité et cessent de légitimer une appropriation identitaire et culturelle qui porte directement atteinte à notre peuple », a déclaré Jacques T. Watso, conseiller au Conseil des Abénakis d’Odanak.

Parmi les figures publiques étudiées, on retrouve notamment Brenda Gagne (née Perreta), qui se présente comme « cheffe » de la nation abénakise de Missisquoi ; Joseph Bruchac, écrivain bien connu et membre de la Nation Abénakise Nulhegan et sa soeur Marge Bruchac, professeure émérite à l’Université de Pennsylvanie ; Shirley Hook, cheffe autoproclamée de la bande traditionnelle Koasek, ainsi que Paul Wilson Pouliot, chef autoproclamé de la bande Cowasuck des Abénakis de Pennacook. Aucun de ces individus n’a d’ancêtres Abénakis.
Résultats de l’ascendance généalogique des huit individus étudiés :

  • Brenda Gagne (née Perreta) : 99,9% européenne
  • Joseph et Marge Bruchac : 99,9 % européenne
  • Paul Pouliot : 100 % européenne
  • Sherry Gould : 99,8 % européenne
  • Shirly Hook : 99,9 % européenne
  • Paul Bunnell : 99,9 % européenne
  • Donald Stevens : 96,9 % européenne

Pourquoi c’est important
Les conséquences de cette fraude identitaire entreprise par ces individus et les groupes au Vermont et au New Hampshire sont majeures.
La reconnaissance et le soutien accordés à ces groupes renforcent des logiques coloniales en détournant des ressources, des opportunités et des droits qui devraient revenir aux véritables communautés abénakises. Cette situation porte directement atteinte à la souveraineté abénakise, notamment au droit fondamental de déterminer qui fait partie de la Nation. Également, cela déforme l’histoire et les modes de vie des Abénakis d’une manière qu’il leur est difficile de transmettre une compréhension vraie et juste de leur identité.

Le Conseil des Abénakis d’Odanak et le Conseil des Abénakis de W8linak appellent les institutions gouvernementales, universitaires et culturelles à prendre acte de ces conclusions. Les preuves sont désormais établies et ne laissent aucune place au doute : continuer à reconnaître et à collaborer avec ces groupes autoproclamés revient à soutenir une appropriation identitaire et culturelle, au détriment du véritable peuple abénakis.

Pour prendre connaissance de l’intégralité du rapport généalogique : https://abenakiheritage.org/fr/genealogies/